10/10/2012
Le courage fait homme
Il est des histoires qui servent d'exemple. On les appelle paraboles. Rien avoir avec les antennes qui fleurissent sur nos balcons, si ce n'est qu'elles servent à voir plus loin.
La nature humaine n'est que trop rarement exemplaire. La chair est faible et paresseuse, c'est ainsi. Surmonter la nature profonde de son être intérieur est un combat de chaque instant.
La vie d'Eric Abidal est une allégorie des temps modernes. «Le courage fait homme», voilà un titre qui lui conviendrait.
Frappé par un terrible cancer du foie, le Français du FC Barcelone a subi une greffe en avril dernier. Une intervention de plus de neuf heures, qui s'était prolongé jusque tard dans la nuit. Le donneur n'était autre que son cousin, et les pronostics loin d'être encourageants.
Hier, soit le mardi 9 octobre, le FC Barcelone balançait un communiqué anodin sur son site internet. «Eric Abidal suit actuellement un stage dans les Pyrénées, au Val d'Aran. Sous la houlette du physiothérapeute du club, le défenseur blaugrana âgé de 32 ans enchaîne courses et travail avec le ballon.» Moins de six mois après sa lourde opération, Eric Abidal remet l'ouvrage sur le métier.
Le Français a tout gagné au long de sa carrière. A son âge, personne ne lui raconte des histoires: il ne regagnera sans doute jamais sa place de titulaire, d'autant plus qu'il serait désormais barré par le fougueux Jordi Alba, embauché cet été.
Le numéro 22 catalan n'en a que faire. Pour son cousin, pour le public du Camp Nou - qui à chaque 22e minute entonne son nom, un peu pour lui aussi. Il fera tout pour revenir, peu importe l’énergie qu’il devra investir. «Abi» deviendra un symbole de la volonté comme force première de la nature. Une leçon pour tout un chacun.
Au courage, il a gagné sa lutte contre sa maladie. Au courage, il a gagné sa place dans nos cœurs.
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08/10/2012
Jouez avec vos émotions
La Casa du Deportivo, un rien désuète, affiche déjà complet bien avant le début de la rencontre. La cuisine fulmine, débordée par l'effluve du temps qui passe et qui rapproche irrémédiablement de l'instant fatidique.
C'est le lot insupportable de l’avant-match: pression exponentielle de l'insaisissable instant, ou quand la cigarette qui se consume demeure le seul rapport concret à la temporalité.
Puis, tout s’enchaîne bien trop vite. Le temps qui ne voulait pas avancer s’emballe sans crier gare. Madrilistes et Barcelonistes se rendent coup pour coup, façon Ronaldo et Messi. Quand l'un exulte, l'autre cherche du regard un vain réconfort au fond de son verre. La réciproque ne sera que plus exubérante, histoire d'envoyer la fierté du rival valdinguer, loin. Sa mine déconfite n'est-elle pas encore plus jouissive que le sain bonheur du vainqueur?
Au final, tout s'équilibre. Chaque camp a poussé le même nombre d'onomatopées provocantes, fumé le même nombre de cigarettes, et perdu le même nombre de cheveux. Faisant fi de toutes les prédispositions génétiques.
Ronaldo et Messi se quittent dos à dos, Juan et Abel se quittent ventre à ventre, en claquant une dernière bise en guise de confiteor. Personne n'est vraiment content, personne n'est vraiment triste. Mais tous ont purgé leurs émotions. La catharsis du Clasico opère infailliblement sur celui qui ne craint pas de s'abandonner à ses transports.
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04/10/2012
Le PSG se mesure à l'Europe
Sur la dernière décennie, le FC Porto s'est fait une place de choix dans l'Europe du football. Révélateur de talents, formateur d'expérience, le Dragon pratique derechef un football référence, fait de continuité et de pragmatisme, sans perdre un goût certain et précieux pour la folie.
Le PSG qatari s'est mesuré à cette solidité de tous les instants. A ce haut niveau qui ne tolère pas la moindre faille, 90 minutes durant, où la bataille du milieu de terrain constitue le nerf de la guerre. Si Marco Verratti impressionne la L1, à la relance comme à la récupération, il est encore trop court pour la Ligue des champions. Du haut de ses 19 ans, il n'a pas encore l'épaisseur psychologique d'un Sergio Busquets. Rien de plus normal d'ailleurs. Mais c'est ce à quoi il doit tendre pour sécuriser les Parisiens.
«Un Porto au goût amer», titrait ce jeudi matin nos confrères de L'Equipe. Il s'annonçait doux et euphorisant: le breuvage - classe européenne - proposé par Carlo Ancelotti mérite encore un peu de maturation. Mais les ingrédients sont là. Sakho et Matuidi ont été impeccables, Sirigu aussi. Etonnement, ce sont ceux dont on critiquait le manque d'expérience au plus haut niveau qui ont répondu présent.
Ma foi, c'est inexorable. Le succès du PSG va devoir se contenter d'être une science aussi inexacte que les ailes de pigeons de Zlatan Ibrahimovic. Sorti de nulle part, personne ne sait véritablement jusqu’où il ira.
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